Rêver au féminin
Les femmes seraient-elles plus douées que les hommes
pour faire du Rêve lucides ?
Ce qui est sûr c'est qu'elles rêvent plus souvent que les hommes,
d'après un sondage Ifop.
Le Rêve au féminin restera à jamais un mystère insondable pour les hommes, car ceux-ci ne disposent pas de ce merveilleux organe, l'utérus, que les guerrières-faucon dans les romans d'Eldo Gallil nomment à juste titre “ le vase magique”. Ceux qui participent à l'élaboration de ce site étant des hommes, ils ne peuvent étaler leur savoir et leurs expériences sur cette page. Ce qui ne les empêche pas d'être malgré tout concernés par le côté féminin de la Connaissance.
Y a-t-il une différence entre les femmes et les hommes pour accéder à la Connaissance ?
Dans le livre “ Les portes du Rêve ” de Florinda Donner Grau, Esperanza, une sorcière du clan du Nagual Don Juan Matus, expose son point de vue sur la différence entre les hommes et les femmes dans le domaine de la Connaissance.
Pour illustrer son propos, Esperanza dessine un homme et une femme avec pour chacun d'eux un cône au sommet de la tête. Celui-ci symbolisant leur façon spécifique d'accéder à la Connaissance. Le cône était inversé dans le cas du personnage féminin.
Les femmes peuvent s’ouvrir à la source de la connaissance, ou disons plutôt que la source peut les toucher directement à la base évasée du cône. Les sorciers disent que le rapport des femmes au savoir est expansif, contrairement à celui des hommes qui est restreint. Les femmes sont proches de l’abstrait et tendent malgré tout de se laisser aller dans le concret.
Les hommes acquièrent leurs connaissances étape par étape. Ils s’élèvent, ils grimpent vers le savoir. Les hommes tendent vers l’Esprit. Mais la forme du cône limite leurs connaissances. Ils ne peuvent atteindre qu’un certain niveau : le sommet du cône.
Les hommes sont proches du concret et tendent vers l’abstrait.
Quelle est l'origine de la domination masculine ?
Selon Esperanza, en dépit de l'ouverture au savoir et au concret dont bénéficient les femmes aujourd'hui, celles-ci sont toujours considérées comme inférieures. Cela tient à la manière dont les hommes et les femmes considèrent le pouvoir. En général, les femmes s’y intéressent pour l’exercer sur elles-mêmes plutôt que sur les autres. De leur côté, les hommes veulent le pouvoir pour l’exercer sur les autres. Dans les temps anciens, les femmes ne voyaient aucun intérêt à exploiter le rapport direct qu'elles entretenaient avec l’Esprit grâce à leur matrice. Elle ne jugeait pas nécessaire d’intellectualiser cette capacité naturelle ni d’en parler. Elle se contentait de l’utiliser si besoin était. Alors que les hommes, dans l’incapacité où ils étaient de se mettre en rapport direct avec l’Esprit, commencèrent à parler d’acquérir des connaissances, de tendre vers le savoir, vers l’Esprit. À force d’en parler et d’analyser le processus, ils ont acquis la certitude que le raisonnement était typiquement masculin. La conceptualisation de la raison ayant été conçue par des hommes exclusivement, cela leur avait permis de dénigrer les dispositions naturelles et les qualités des femmes. Et pire encore d’exclure ses caractéristiques féminines de la définition de l’idéal de la raison.
Vous, les femmes, vous devez arrêter de soutenir le monde des mâles. Parce que en le soutenant. Vous entretenez une complicité malsaine.
(Carlos Castaneda - tiré du livre "les stratégies du Nagual" - ouvrage collectif)
Toujours d'après les paroles d'Esperanza, le besoin qu’ont les hommes de dominer les autres et le manque d’intérêt des femmes à exprimer ce qu’elles savent et comment elles le savent constituent une entente tacite abominable. Il a été possible de contraindre les femmes depuis leur naissance à accepter un épanouissement qui passe par la maison, l’amour, les enfants et l’oubli de soi. Elles ont été rejetées des différentes manifestations de la pensée abstraite et de l’érudition, et maintenues dans la dépendance. Éduquées dans l’idée que les hommes doivent penser à leur place, elles ont fini par cesser de penser. Même si elles sont capables de formuler ce qu’elles ont appris, ce qu’elles ont appris a été défini par les hommes. Et les hommes ont exclu tout ce qui est féminin, ou disons que les seuls éléments féminins inclus sont négatifs et les femmes ont accepté cela.
Qu'en pensent les philosophes ?
Les philosophes, ces penseurs à l’état pur, sont pour certains ouvertement misogynes. D’autres, plus subtils, sont prêts à admettre que les femmes pourraient avoir les mêmes capacités que les hommes si elles s’intéressaient au raisonnement, ce qui n’est pas le cas. D’autres encore estiment que si elles s’y intéressaient, cela ne serait pas normal, car ils considèrent qu’il est plus épanouissant pour une femme de suivre sa vraie nature, c’est-à-dire de rester une compagne attentionnée pour l’homme et dépendante de lui.
(Les portes du Rêve ” - Florinda Donner Grau)
Les femmes sont-elles libres d'être des femmes ?
D'où vient le pouvoir des femmes?
La libération de la matrice consiste en l'éveil de ses fonctions secondaires. La fonction première de la matrice est, dans des circonstances normales, la reproduction. Les anciens sorciers se préoccupaient exclusivement de ce qu'ils considéraient comme une fonction secondaire de la matrice : "l'évolution". Cette évolution était pour eux l'éveil et la pleine exploitation de la capacité qu'elle possède de traiter la connaissance directe venant de l'Esprit. Les sorciers de l'ancien Mexique ne comprenaient pas pourquoi les femmes, qui possédaient le support organique - la matrice - susceptible de faciliter leur accession à la sphère de la perception pure, semblaient si peu disposées à l'exploiter. C'était pour eux un paradoxe de la nature féminine que d'avoir à sa portée un pouvoir infini et de ne pas se soucier d'y accéder. Pour le Nagual Don Juan Matus, ce manque d'intérêt n'avait rien de naturel ; c'était le reflet d'une éducation. (Passes magiques : Les pratiques traditionnelles des chamans de l'ancien Mexique - Carlos Castaneda)
Libérez la matrice !
L’utérus est l’organe féminin par excellence. C’est lui qui confère aux femmes ce plus, cette force supplémentaire leur permettant de canaliser leur énergie.
De nos jours, le savoir découle du raisonnement. Mais les femmes ont une autre approche. Malheureusement, celle-ci n’est jamais prise au sérieux, bien qu’elle pourrait pourtant participer à l’élaboration de la connaissance. Ce que proposent les sorciers modernes (les nouveaux voyants), c’est que les hommes ne gardent pas le monopole du raisonnement. Ils l’ont actuellement parce que sur le terrain où ils appliquent le raisonnement, le masculin domine. Appliquons la raison là où domine le féminin. Cela nous ramène au cône inversé. C’est-à-dire au lien direct des femmes avec l’Esprit. Ce lien doit être considéré par rapport à un nouvel aspect du raisonnement encore jamais exploité : le côté féminin.
Les hommes dans leur quête du pouvoir ont réussi à réduire l'utérus, la puissance mystérieuse des femmes, à un organe exclusivement biologique qui a pour seule fonction la reproduction, la réception de la graine de l’homme. Dans la tradition judéo-chrétienne, seuls les hommes peuvent entendre la voix de Dieu. Les femmes n’ont pas ce privilège, à l’exception de la Vierge Marie. Il n’y a rien d’extraordinaire à ce qu’un ange s’adresse à Marie. Ce qui n’était pas normal en revanche, c’est qu’il ne lui dise qu’une seule chose : elle allait porter le fils de Dieu. L’utérus n'a pas reçu la connaissance, mais la promesse de la semence divine. Un Dieu masculin qui engendra un autre mâle. (“ Les portes du Rêve ” - Florinda Donner Grau).
La sorcière Esperanza affirmait qu'il est impossible d’apprendre aux femmes à Rêver. On peut seulement leur donner un coup de pouce pour leur faire prendre conscience du potentiel dont elle dispose.
Louis Aragon avait écrit une maxime célèbre : " La femme est l'avenir de l'homme".
Ce qui est sûr, c'est que l'avenir va dépendre de la capacité des femmes à réveiller la seconde fonction de leur matrice : l'évolution.
Mesdames,
à vous de choisir !